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Douleur et Neurosciences

Dernière mise à jour : 6 mars 2019

Dans le cadre d’une consultation en ostéopathie, la majeure partie des motifs de consultation concernent une douleur aiguë ou chronique. Il serait facile de les expliquer par des phénomènes purement biomécaniques: accuser un décalage du bassin, une mauvaise position ou une dysfonctions tissulaires ou neurologiques.

Malgré ce raisonnement qui semble logique et rationnel, l’explication de la douleur est incomplète. La douleur est un phénomène multidimensionnel soumis à de très nombreux facteurs qui peuvent la moduler ou favoriser son apparition.



 

douleur et neuroscience en ostéopathie bratheau à Colmar

Durant les 20 dernières années, les neurosciences ont changé la perception et la prise en charge de la douleur par le corps médical. Une des grandes répercussions de cette avancée est de fournir de nouvelles pistes pour prendre en charge une personne douloureuse et compléter sa pratique clinique. Comme beaucoup de choses de notre quotidien, bons nombres de préjugés sont encore bien ancrés dans notre inconscient collectif, surtout face à la douleur: "les garçons n'ont pas mal", "c'est qu'un petit bobo, ça fait pas mal", "ça doit être dans la tête"... etc

L’approche biomédicale traditionnelle est de plus en plus remplacée par une approche BioPsychoSociale de la douleur.


"Le modèle biopsychosocial est un modèle conceptuel proposant que des facteurs psychologiques et sociaux soient inclus aux variables biologiques pour la compréhension de la pathologie d’une personne, dans ce cas, la douleur musculosquelettique" (IASP 2009)

Comment définir la douleur

La douleur est définie comme « une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à un dommage tissulaire réel ou potentiel, ou décrit en termes d’un tel dommage ». La douleur est donc une sensation subjective désagréable qui a plusieurs composantes : sensorielle décodant la douleur (qualité, intensité, localisation) affective et émotionnelle apportant une tonalité désagréable, angoissante, liée à une souffrance intérieure cognitive avec la mémorisation des expériences traumatiques et du sens donné à ces douleurs comportementale, responsable des manifestations verbales et non verbales (plaintes, gémissements, prostration…).

Chaque personne réagit à la douleur en fonction de ses facultés d’adaptation, de son expérience des douleurs passées, de son éducation et de sa culture.

La douleur peut être aiguë ou chronique. Il existe différents types de douleurs (nociceptive, neuropathique, inflammatoire...)

On peut considérer la douleur comme un signal d’alarme envoyé au cerveau nous permettant de nous protéger face à une lésion et un danger immédiat.


La nociception correspond à la transmission neuronale d'un signal d'alarme allant des tissus lésés au cerveau. Ce signal est capté par des récepteurs spécifiques (nocicepteurs) sensibles à des stimulus mécaniques (tension, étirement), thermiques (chaud, froid) ou chimiques (inflammation par exemple). Cette information est transmise à la moelle épinière puis au cerveau. C'est à ce moment là que ce signal de danger est perçu comme une douleur.


La douleur aiguë est intense, mais souvent brève. C’est celle que l’on ressent en se coupant le doigt ou en se levant avec un lumbago. Nous parlons de douleur chronique lorsque la sensation douloureuse excède trois mois et devient récurrente.


Peur et croyances

Différents facteurs peuvent moduler la perception de la douleur. Un patient qui est bien accompagné par son thérapeute(médical ou autres) sera plus a même de voir ses douleurs diminuées. Nous parlons d'effet placebo quand l'effet non spécifique apporté par le thérapeute est favorable à la guérison du patient. Et nous avons l'effet nocebo les effets du thérapeute sont défavorables au patient.


Le message transmis lors d'une consultation d'ostéopathie peut être négatif. La douleur est causée par une fragilité ou une mauvaise posture, une attitude scoliotique, une inégalité de longueur des jambes, une adhérence d’un fascia, une altération d’un tissu ou encore un mouvement spécifique. Cela peut engendrer une peur du mouvement chez le patient, une attitude d’évitement, une "catastrophisation" et la croyance que lorsque la douleur est présente son corps est en train de s’abimer.


De plus quelqu’un qui aura été soulagé par une intervention (semelle, thérapie manuelle, infiltrations…) et qui croit que son corps n’est pas capable de s’adapter tout seul à cause de ces faiblesses aura plus de chance de devenir dépendant de cette thérapie.


Si le message transmis au patient est plutôt positif et encourage le mouvement (par exemple “Votre corps est fort et est capable de se réadapter seul”) le patient bougera plus facilement en allant au delà de ses croyances et sa réadaptation se fera plus facilement. Il se renforcera par lui même, se réhabituera à la charge ainsi qu’au mouvement et aura de moins en moins besoin d’interventions thérapeutiques pour continuer à vivre sans douleurs.




La communication avec le patient est primordial pour soulager tout type de douleur. Seul le geste thérapeutique ne suffit pas. Rassurer son patient et lui parler de façon positif est la première considération à apporter.
  • Un thérapeute se doit d'éviter certains mots pouvant créer de la peur et donc un effet nocebo (ex : renvoyant à la lésion, la faiblesse, l’anormalité, fragilité, dysfonction, mauvaise posture …)

  • Le thérapeute doit être rassurant : La douleur n’est pas forcément égale à la lésion. Il s’agit le plus souvent d’une sensibilisation du système nerveux. Insister sur le fait que le corps humain est résistant et capable de s’adapter et de se renforcer tout seul.

  • Promouvoir le mouvement, l’activité et l’auto-efficacité. La douleur est multidimensionnelle et souvent plus complexe qu’un problème biomécanique.


Prendre cela en compte permettra d’avoir une vision plus globale, et permettra au patient de rechercher les facteurs contribuant à sa douleur.Ces considérations ne s’appliquent évidemment pas directement sur des lésions ayant un lien évident avec la douleur (fracture, déchirure musculaire …), ou sur des pathologies plus systémiques (cancers …)



Aurélien Bratheau, Ostéopathe D.O.

Colmar


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